Thursday 3 May 2012

[Critique] Marina & the Diamonds - Electra Heart

Le deuxième album de Marina & the Diamonds, Electra Heart, était l'un de ceux que j'attendais le plus ardemment en 2012. Et le voici enfin arrivé!


Le concept de l'album est un peu confus. Initialement, Marina nous disait que ce serait une critique de la culture américaine et de sa décadence. Puis, elle a commencé à dire en entrevues que ça parlait surtout d'une peine d'amour qu'elle venait de vivre (ça vous fait penser à quelqu'un? Adele?). Bref, qu'est-ce qui est vrai? Tout est vrai. Certaines chansons parlent clairement d'amour, d'autres critiquent la société et certaines combinent les deux!

En plus de ces deux pôles quant au thème, l'album est aussi très clairement divisé entre des moments de vulnérabilité incroyables et des moments où Electra Heart (l'alter ego de Marina) déclare que le monde lui est dû.

Marina s'est inspirée de la mode des années 50 et 60 pour le visuel de toute la campagne (que ce soit les clips, les photos ou son habillement personnel pour les entrevues). Ce qui en résulte est une image très forte et c'est probablement pour ça que Marina a créé Electra. Personnellement, je trouve qu'il s'agit de l'alter ego le plus crédible que j'ai vu!


Contrairement à son premier album, où Marina avait pris en mains presque tous les aspects de la production, elle a ici travaillé avec des producteurs de grande renommée: Dr. Luke, Crikut, Diplo et Stargate, pour ne nommer que les plus grands noms. Laissant le travail de production entre leurs mains, elle a pu se concentrer sur sa force: les paroles! L'honnêteté des chansons sur cet album et la puissance des mots est probablement son plus grand atout!

Ouvrant avec la chanson 'Bubblegum Bitch', le ton est immédiatement donné! La chanson est un heureux morceau de pop. "I'll chew you up and / I'll spit you out / Cause that's what young love is all about" déclare Electra dans les premières 30 secondes. La chanson est aussi énergique et catchy que courte; avec 2 minutes 33 secondes, c'est à peine plus qu'une introduction.

Suivent alors certaines des chansons les plus fortes sur l'album (certaines de mes préférées en tout cas): 'Primadonna', 'Lies' et 'Homewrecker'.


'Primadonna' est le premier single de l'album et c'est probablement la chanson qui décrit le mieux qui est Electra Heart. C'est une femme qui veut tout! Et pas parce qu'elle le mérite, mais parce qu'elle le demande: "Get what I want 'cause I ask for it / Not because I'm really that deserving of it". Electra sait qui elle est et rien n'est trop beau pour elle: "Would you get down on your knees for me? / Pop that pretty question right now, baby!". Elle ne demande presque rien, voyons! 'Primadonna' est de loin une de mes chansons préférées de 2012 car les paroles incarnent un visuel incroyablement fort, auquel le vidéoclip a parfaitement rendu justice.

'Homewrecker' continue dans la même lignée. Ici, Electra questionne l'amour dans l'introduction du morceau: "Every boyfriend is the one / Until otherwise proven / The good are never easy / The easy never good / And loving never happens / like your think it really should." Le refrain, propulsé par un beat hyper-puissant, combine les paroles recherchées à un air très accrocheur. "And I don't belong to anyone / They call me homewrecker, homewrekcker / I'm only happy when I'm on the run" déclare Electra sans vergogne. "I broke a million hearts just for fun"continue-t-elle. Rendu à ce stade-ci, vous avez compris qui est Electra Heart. Et vous avez saisi l'essentiel de l'album, bien qu'il reste des moments particulièrement exquis à venir.


La chanson 'Lies', quant à elle, ne sonne pas tout à fait comme ce à quoi on pourrait s'attendre. Produite par Dr. Luke, Cirkut (le duo derrière 'Where Have You Been' de Rihanna) et Diplo, on serait tenté de croire que la production prendra autant, sinon plus de place que les paroles et la voix de Marina. Mais c'est tout sauf le cas! Par-dessus un beat électro relativement lent, mais ô combien puissant, Electra laisse paraître les craques dans sa carapace: "You're never gonna love me / So what's the use?". "What's the point of saying / You love me like a friend / What's the point of saying / It's never gonna end / You're too proud to say / That you made a mistake / You're a coward 'till the end / I don't wanna admit / That we're not gonna fit / No I'm not the type that you like / Why don't we just pretend / Liiiiiies, don't wanna know, don't wanna knoooow / I-I-I-I can't let you go, can't let gooooo" continue-t-elle. Et je pourrais continuer à citer l'ensemble de la chanson, car il n'y a pas un seul mot qui ne vienne pas me chercher. C'est probablement la chanson qui permet de mieux comprendre ce qui se passait entre Marina et son amoureux.

La chanson 'Starring Role' vient compléter l'histoire. Passant à la fois par la vulnérabilité et le courage, c'est une chanson qui, ultimement, est faite pour nous rendre plus fort! "It almost feels like a joke / To play a part / When you won't have the starring role in someone else's heart / You know I'd rather walk alone / Than play a supporting role / If I can't get a starring role" chante Electra sur le refrain. C'est triste, mais c'est aussi ce que chaque personne a besoin de se dire lorsqu'elle aime quelqu'un qui ne lui rend pas ses sentiments. "You don't love me / Big fucking deal!"

 
'Power and Control' est possiblement le meilleur morceau de l'album à ne pas avoir été produit par Dr. Luke (avec 'Starring Role'). Débutant avec un étrange son de guitare qui va vous hanter tout au long de la chanson (et pour plus longtemps encore), on a tout de suite l'impression d'avoir à faire à quelque chose d'unique et de génial. "Give a little / Get a lot", ça ressemble à Electra ça, non? Rendu ici, on sait qu'elle genre de personnage elle est et plus rien de nous étonne. Elle continue en annonçant sa vengeance: "Yeah you may be good looking / But you're not a piece of art / Power and control / I'm gonna make you fall / Power and control / I'm gonna make you fall / Women and men we are the same / And so we play the stupid game". Au cas où vous n'auriez pas encore compris: Marina a un compte à régler avec l'amour!

'Living Dead' est aussi un morceau d'électro pop qui sonne assez innovateur, tout en étant incroyablement facile à écouter. "I'm living dead, dead, dead, dead / Only alive-live-live-live / When I pretend-tend-tend-tend / That I have died-died-died-died". Cette chanson semble transmettre ses sentiments suite à sa peine d'amour et au vide que cela a laissé en elle.


Les chansons comme 'The State of Dreaming', 'Teen Idle', 'Valley of the Dolls', 'Hypocrates' et 'Fear and Loathing' sont les morceaux qui risquent de plaire le plus aux ardents fans du style de Marina sur son premier album. Ces chansons sont plus près du son indie-pop avec lequel elle avait commencé.

Sur 'Teen Idle' elle parle de ses rêves d'adolescente: "Wish I've been a prom queen / Fighting for the title". Ça semble banal, mais elle continue avec un des plus grands moments de vulnérabilité sur l'album: "Instead of being sixteen and burning up a Bible / Feeling super, super, super suicidal". On imagine facilement le genre de personne qu'elle était en se basant sur les rêves qu'elle n'a pas pu accomplir. Mais ce n'est pas grave, car Electra Heart est là pour prendre sa revanche!

Sur 'The State of Dreaming' et 'Valley of the Dolls' elle aborde le sujet de vivre à la fois dans un monde de rêve et dans un monde vide, où le gens ne valent pas mieux que des poupées, mais je dois avouer que ces chansons ne viennent pas particulièrement me toucher.


La dernière chanson sur la version régulière de l'album 'Fear and Loathing' me semble par moment un peu trop plaintive. Et la version sur l'album dure 6 minutes, avec des instruments qui disparaissent très tranquillement pendant environ 2 minutes. Je suis désolé, mais c'est trop long pour moi ça! Toutefois, 'Hypocrates' est une chanson qui sonne peut-être encore plus douce que 'Fear and Loathing' et, pourtant, je l'adore! Le "Whoooo are youuuuu / To tell me..." sonne si divin à mes oreilles que je ne peux m'empêcher d'adorer ce morceau. C'est une approche étrangement douce pour Electra Heart qui parle de tous les gens hypocrites qui lui disent qui elle devrait être. Et c'est probablement en raison de l'inusité de cette chanson sur un tel album que je l'aime autant.

Finalement, nous arrivons aux quatre chansons bonus de la version de luxe. La première est 'Radioactive' le premier single, transformé en buzz single après ne pas avoir généré l'effet escompté. Produite par Stargate, il s'agissait sans contredit d'une des meilleures chansons de 2011!


La dernière chanson 'Buy the Stars' conclue l'album sur une note un peu trop douce à mon avis. Abordant la futilité de certaines actions, ce n'est pas vraiment un des meilleurs moments sur l'album.

Ce qui est meilleur, c'est 'Lonely Hearts Club' et 'Sex Yeah'! La première chanson parle de solitude sur un beat électro très catchy qui sonne assez innovateur pour rappeler que Marina peut vraiment nous offrir n'importe quoi et sonner géniale! Se sentant bien seule dans ce monde, elle invite quiconque le veut bien à se joindre à elle: "Love will never be forever / Feelings are just like the weather / January to december / Do you want to be a member?"


'Sex Yeah' est un des morceaux qui critiquent le plus ouvertement la culture américaine (mais soyons honnête, c'est la culture occidentale, les anglais ne sont pas plus purs que nous!). La chanson commence alors qu'Electra déclare: "Nothing is provocative, anymore / Even for kids / No room for imagining / 'Cause everyone's seen everything". Puis elle continue en incitant à questionner le monde qui nous entoure: "Question what the TV tells you / Question what a pop star tells you / Question mom and question dad / Question good and question bad". Il s'agit de loin d'une des chansons aux paroles les plus recherchées... et ce n'est pas comme si le reste était faible! Le plus impressionnant dans tout ça, c'est qu'elle trouve le moyen de rendre le tout catchy! "If women were religiously / Recognised sexually / We wouldn't have to feel the need / To show our ass / It's to feel free" chante-t-elle pour continuer sa critique de la culture. Et comme elle le dit plus tôt, il faut questionner ce que les pop stars nous disent. Après avoir questionné ces paroles, je déclare que Marina a tout à fait raison! Aucun appel possible sur ce jugement.


En conclusion, Electra Heart est un album particulièrement fort. Peu d'artistes ont le don qu'à Marina pour écrire de la musique pop aussi honnête et recherchée. Encore moins sont capables de jumeler ce talent à des productions aussi accrocheuses que celles offertes par Dr. Luke, Stargate, Nowels et Krustin ici.

Je trouve que l'album, par moments, s'en va dans un peu trop de directions, à la fois à travers les thèmes et la production. Mais ce n'est que passager et le personnage qu'est Electra Heart, une fois bien saisi, aide à agencer le tout ensemble. Le plus important est que le tout est brillamment exécuté, avec des paroles intéressantes, une voix merveilleuse et une production hors-pairs!

Sans contredit un des meilleurs albums de 2012!

9/10

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