En tant que star, Cheryl n'a pas volé sa place, elle sait offrir une performance haute en énergie. En tant qu'artiste et que chanteuse, son succès ressemble à une gifle à la figure de nombreux artistes talentueux qui n'ont pas un centième de son succès commercial.
Le 18 juin, Cheryl a lancé sont troisième album solo, A Million Lights, au Royaume-Uni.
La chanteuse britannique a décidé de laisser tomber le "Cole", le nom qu'elle avait pris à son ex-mari, Ashley Cole qui l'a trompée il y a déjà quelques années. Par cette simple action, Cheryl nous laisse comprendre qu'elle passe à une autre étape de sa vie. Et il devrait en être de même avec sa musique.
Si son deuxième album Messy Little Raindrops était, dans l'ensemble, une compilation de moments de lamentation en lien avec son mariage qui s'effondrait, A Million Lights offre la thérapie par la vengeance. Dans une entrevue avec PopJustice, Cheryl insiste sur le fait qu'elle n'écrit pas ses chansons (c'est bien de l'admettre), mais surtout qu'elle ne les choisit pas pour les paroles. En fait, elle précise qu'elle ne cherche même pas à comprendre le sens de ses chansons, il n'y a que l'énergie qui s'en dégage qui lui importe. Un peu superficiel, non?
Le premier single du projet, 'Call My Name' est devenu le plus gros succès de l'année au Royaume-Uni, ayant vendu 152 000 copies en 12 heures. Ce record caractérise parfaitement bien la carrière de Cheryl. Tout le monde la critique et aime la détester, mais elle sort tout de même gagnante. Il est vrai que la chanson, produite par Calvin Harris, ressemble grandement à 'We Found Love', mais elle a trouvé le moyen d'attirer l'attention.
Le lead single n'est toutefois pas une si bonne indication de ce qui vous attend sur A Million Lights. Produit par de très grands noms comme Alex Da Kid, will.i.am, Clavin Harris, Jim Beanz et Taio Cruz, l'album est à la fois construit d'incroyables hooks pop et de moments doux et lents, qui sont parfois aussi surprenant qu'oubliables.
La chanson d'ouverture, 'Under the Sun', est un excellent exemple de ce qu'est la musique de Cheryl: de la pop bien produite, avec des mélodies accrocheuses, mais une chanteuse qui n'arrive pas vraiment à rendre justice à la chanson. Bien que le l'énergie joyeuse et très "été" de ce morceau soit particulièrement appréciable à ce moment de l'année, même les grands fans de Cheryl doivent reconnaître que sa voix est à peine passable.
Certains pourraient affirmer que, pour ajouter au manque de talent vocal, Cheryl doit aussi prouver son manque d'originalité. La présence du dubstep sur cet album donne un ton parfois similaire à Femme Fatale de Britney. Mais en moins bon. Les chanson comme 'Love Killer' ou 'Boys Lie' nous entraînent en plein territoire dubstep. Et heureusement pour Cheryl, ces morceaux trouvent le moyen d'être tout de même accrocheur, après quelques écoutes.
La meilleure chanson inspirée du dubstep est toutefois 'Girl in the Mirror'. "I've been picking little fights / With the girl in the mirror / With the girl in the mirror / Stressing me to be a woman / Oh I don't need this today / I don't know quite what to say / To the girl in the mirror" chante Cheryl avec son délicieux accent anglais. Ce sont les chansons dans ce genre qui sauvent vraiment l'album, combinant production bien maîtrisée (à défaut d'être particulièrement audacieuse) et mélodies pop contagieuses.
Les chansons 'Screw You (feat. Wretch 32)' et 'Craziest Things (feat. will.i.am)' sont des morceaux appréciables de cet album, mais pas les plus mémorables; ils représentent bien le cœur de cet œuvre.
'Ghetto Baby', la chanson écrite par Lana Del Rey, semble un peu forcée ici. On dirait vraiment une chanson de Lana. Et c'est parce qu'elle aurait peut-être dû être sienne. Toutefois, étrangement, Cheryl arrive à lui rendre justice. Peut-être est-ce parce qu'elle parle/rappe plus qu'elle ne chante ici. Une chanson hip-hop/pop surprenante qui ne carde peut-être pas parfaitement avec l'album, mais que Cheryl réussit toute de même à s'approprier.
La chanson-titre 'A Million Lights' est possiblement une des plus innovantes ici. Aussi étrange que ça sonne, il s'agit d'une ballade dubstep. Et ça marche! Cheryl sonne plus vulnérable que d'habitude par-dessus le beat grave et lent, alors qu'elle chante "I don't know how / We fell through / Got a little too much in my head / Like I miss you".
Malhereusement, les autres chansons plus douces n'arrivent pas tout à fait à égaler ce niveau de créativité. 'All Is Fair', ce morceau guerrier et 'Mechanics of the Heart' sont deux ballades facilement oubliables. Sur 'All Is Fair', alors que Cheryl chante "If they fire, you know what this means / This is waaaa-aaar", le beat ne semble pas vouloir suivre l'intensité des paroles et reste obstinément lent. C'est dommage, car avec des pics d'énergie, cette chanson aurait pu être une des meilleures de l'album.
Deux de mes chansons préférées sont 'One Thousand' et 'Last One Standing'. La première réussi là où 'All Is Fair' s'était arrêtée. Semblant initialement être la suite de 'Boys Lie' en plus mauvais, elle suit un rythme assez lent qui risque de vous laisser de marbre. Mais c'est alors que le refrain arrive et que le beat explose, propulsant la piste dans les plus hautes sphères du monde de la pop (bon, peut-être pas si haut!). "Now I see what you are / I know what you could be / But I'll never forget what you've been / I must have cried a thousand times / I've heard thousands of your lies / Walked ten thousand miles for you / So for the thousandth time don't / Don't play with me, don't play with me, don't play with me no more / Don't you play with me, don't play with me, don't play with me no more / Don't you play with me, don't play with me, don't play with me no more / Don't you play with me, don't play with me, don't play with me no more". L'intensité de ce morceau en fait un des morceaux les plus distinctifs sur cet album et nous fait regretter qu'il y en ait si peu d'aussi bons que celui-ci.
'Last One Standing' est une autre grande chanson pop incroyablement contagieuse. Débutant très tranquillement, le morceau prend du rythme de façon constante. Lorsque le pré-refrain embarque, notre intérêt est soudainement éveillé. "Go walk that walk / Yeah you know who you are / You gotta talk that talk / Leave them tears at the door / There's no looking back / Hey there beautiful girl / You got it / You got it" chante Cheryl avant d'arriver au cœur de la chanson: "Who cares what they believe / Even if it hurts / Imma be the one, one, one / The last one standing / Didn't think I'd survive / Eat your words / Goin' out and talk that talk / The last one standing / Start a rumor, take a bite / Middle finger in the air and walk that walk / The last one standing". Ça, c'est un grand morceau de pop!
Mais, soyons honnêtes, A Million Lights tourne autour de 'Sexy Den a Mutha'. La chanson très dance-pop au titre gangsta est un peu la reprise de 'Till the World Ends' par Cheryl. Mais elle n'a de ce classique de l'an dernier que le "oh whoah, oh whoah oh oh". Cette chanson est de loin la plus facile à apprécier sur l'album. Il s'agit même d'un de ces rares moments où l'on en vient à se demander si Cheryl ne sait pas chanter.
"You got me feeling / Sexy den a mutha, mutha / Got me feeling / Sexy den a mutha mutha / You make me say oh whoah, oh whoah oh oh".
Dans l'ensemble, A Million Lights est un album qui crée des réactions conflictuelles. La production des morceaux est, au pire, acceptable. Et au mieux excellente. Bien que plusieurs morceaux trouvent le moyen d'être particulièrement oubliables, il y a des chansons ici qui sont si accrocheuses qu'il est difficile de négliger A Million Lights pour ce qu'il est: un gros album pop commercial. Cheryl vogue sur le courant de la popularité; on ne peut pas vraiment la féliciter pour son audace ici, mais il faut reconnaître qu'elle sait s'associer à des gens qui savent quoi faire pour avoir un hit. Le principal problème de cet album est qu'il démontre que Cheryl n'a pas vraiment le talent vocal pour mériter le succès qu'elle obtient.
7.5/10
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